Au fil de Strasbourg

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Recette rustique et indémodable, ce dessert typiquement alsacien est à même de ravir les papilles. Vous l’avez compris, aujourd’hui on parle du battelman, aussi appelé mendiant ou pain du pauvre. Avant de vous dévoiler sa recette, je laisse la parole à ma grand-mère.

L’interview

Peux-tu nous expliquer en quelques mots ce que c’est qu’un battelman ?

C’est un gâteau qu’on confectionne à partir des restes de pain dur quand on ne sait plus quoi en faire. Il a une texture plutôt humide et dense. Il se fait très simplement, en général on a déjà tous les ingrédients sous la main. On a seulement besoin de pain dur, de lait, d’œufs, de sucre et de fruits. Le plus souvent je le fais avec des pommes, c’est ce que je préfère. Mais on peut choisir les fruits qu’on veut. On choisit souvent de mettre des cerises quand c’est la saison, ça donne un bon goût juteux.

Comme c’est une recette ancienne, pourrais-tu un peu nous raconter l’histoire de ce dessert ?

C’est vraiment le dessert qui permet d’écouler le pain dur. Quand j’étais petite, on le mangeait au repas du vendredi. À l’époque, ça correspondait au jour de la semaine où on ne mangeait pas de viande. Donc le vendredi, ma maman préparait une soupe de légumes. Puis on avait en général deux tartes : une salée et pour la deuxième c’était soit une tarte sucrée soit du battelman.

Et toi alors, tu le prépares à quelles occasions maintenant ?

Je le prépare parfois pour le dessert ou le goûter. À vrai dire je n’en fais pas souvent. Il y a quelques années j’avais plus l’habitude d’en préparer. Mais c’est vrai que je n’ai jamais réussi à le faire comme ma maman le faisait.

Oui, en même temps c’est souvent comme ça, on préfère les plats préparés par nos mères et nos grands-mères 🙂 . Pour finir, as-tu des conseils à nous donner pour la préparation de ce gâteau ?

Quand j’étais jeune, on ajoutait du raisin de Corinthe qu’on laissait macérer dans du schnaps* (on avait du Marc d’Alsace de Gewurztraminer à la maison). Ou alors on pouvait aussi ajouter une lichette de kirsch**. Ça donnait très bon goût. Après ce que je préfère maintenant c’est de remplacer le kirsch par du rhum. C’est délicieux ! Et sinon, on peut encore remplacer le pain par de la brioche.

* Le schnaps est un alcool qui résulte de la distillation de fruits fermentés.

** Le kirsch est obtenu par la distillation de cerises fermentées. Cette eau-de-vie tire son nom de « Kirsche » qui signifie cerise en allemand.

Et maintenant, place à la recette familiale

Ingrédients :

  • 6 petits pains rassis
  • 40 cl de lait
  • 4 œufs
  • 100 g de sucre
  • 1 cuillère à café de cannelle
  • 1 verre de liqueur de kirsch (ou de schnaps selon votre convenance)
  • 1 kg de pommes coupées en petits morceaux
  • un peu de chapelure

Préparation :

  1. Préchauffer le four à 200°C
  2. Mettre le pain dans une casserole avec le lait bouillant. Le pain doit être bien imbibé pour ne plus être dur.
  3. Écraser le pain afin d’obtenir une bouillie.
  4. Ajouter les œufs battus, le sucre, la cannelle et le kirsch (ou le schnaps).
  5. Bien mélanger, puis incorporer les morceaux de pomme.
  6. Beurrer le moule, verser la préparation puis saupoudrer de chapelure.
  7. Enfourner le gâteau pendant 1 heure.

Le quiz du battelman

Avant de se quitter, j’ai posé quelques questions subsidiaires à ma grand-mère :

Tu dégustes le battleman tiède ou froid ?

Tiède parce que le goût sort mieux comme ça je trouve.

Tu ajoutes de préférence des pommes ou des poires  ?

Des pommes, les poires je trouve ça plus fade.

Et si tu mets des cerises, elles sont dénoyautés ou non ?

Je laisse les noyaux bien sûr, ça évite qu’elles tirent trop de jus !

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