Le château de Chenonceau
Secrets de châteaux – n°1 | Chenonceau
Surnommé le “château des dames”, le château de Chenonceau est l’un des châteaux les plus connus de France et de Navarre. Situé en Indre-et-Loire, il se démarque des autres châteaux par sa silhouette unique qui se dessine sur le Cher, mais également par son incroyable histoire ses anciens habitants.
Le surnom du château provient du fait, qu’au cours des âges, Chenonceau est construit, reconstruit et transformé par différentes femmes : Diane de Poitiers, Catherine de Médicis, Louise de Lorraine, Louise Dupin, madame Pelouze, Simone Menier…
Dans l’imaginaire populaire, l’histoire de Chenonceau se résume souvent à son rôle dans l’histoire royale des Valois et des Guerres de religions. Cependant, le château a traversé les âges et les périodes, et, comme beaucoup de châteaux, a eu plusieurs fonctions – autre qu’un lieu de réception ou d’habitat.
Dans cet article, nous allons revenir sur le rôle du château et de son propriétaire durant la Première Guerre mondiale, qui ont permis de sauver des centaines de vies…
Quelques lignes de incroyable son histoire
Les premières traces du château remontent au XIIIe siècle, alors aux mains de la famille Marques.
La structure originelle du château ne ressemblait que très peu à ce que l’on connaît aujourd’hui : le pont n’était pas encore construit, le château était alors édifié sur une seule rive. D’un point de vue stratégique, le château servait à gérer le trafic fluvial sur le Cher – et non pas le contrôle du passage d’une rive alors comme il le fera, plus tard.
Des années plus tard, après de nouveaux propriétaires, plusieurs batailles judiciaires et de nombreux travaux, les héritiers Bohier ne peuvent plus payer leurs dettes.
François Ier saisit le château, afin de régler définitivement leurs dettes.
Le château entre alors dans le patrimoine royal.
Une résidence royale pour Diane de Poitiers
À la mort de François Ier en 1547, son fils Henri II offre Chenonceau à sa favorite, Diane de Poitiers.
Une fois à Chenonceau, celle-ci fait aménager de magnifiques jardins et des éléments de maçonnerie pour les protéger des crues fréquentes de la rivière, et construit un pont reliant l’autre rive, afin de l’aménager et créer de nouveaux jardins puis accéder à de plus grandes chasses.
Lorsque le roi Henri II meurt en 1559, la reine Catherine de Médicis contraint sa rivale Diane de Poitiers à restituer Chenonceau à la couronne, en lui proposant un autre château en échange.
L’arrivée de la reine Catherine de Médicis
La reine-mère d’origine italienne emménage à Chenonceau, amenant avec elle le faste italien. Elle souhaite divertir la cour en organisant des festivités mémorables pour leur faire oublier l’horreur des massacres, la veille des Guerres de religions – opposant les partisans du catholicisme et partisans du protestantisme. Le château devient alors un vrai terrain de négociation, où espionnage et charmes féminins tâcheront d’éviter une nouvelle guerre.
Catherine de Médicis souhaite que Chenonceau soit digne de rivaliser avec les plus grands palais de l’époque, et commence ainsi de grands travaux : la transformation de la façade principale pour augmenter la luminosité de l’intérieur et surtout, deux galeries superposées sont érigé sur le pont de Diane, formant ainsi la silhouette que l’on connaît de nos jours. La reine Catherine de Médicis meurt en 1589.
Un refuge pour la reine endeuillée, Louise de Lorraine
La reine Louise de Lorraine aménage dans le château à la mort de son mari, le roi Henri III. Alors en deuil, elle fait modifier plusieurs pièces du château, avec notamment des motifs macabres peints et des décorations lugubres dans sa chambre, telles que des larmes, des os…
Traversée du siècle des Lumières avec Louis Dupin
Des années plus tard, en 1686, Louise Dupin et son mari en font un salon littéraire au siècle des Lumières, qui reçoit en autre Voltaire, Fontenelle, Marivaux, Montesquieu, Buffon et Rousseau.
Plus tard, elle sauve le château lors de la Révolution face à la révolte des révolutionnaires, qui souhaitent détruire le château. Grande amie des villageois, elle sauve notamment la chapelle du château en proposant d’en faire un grenier à bois.
Au décès de Louise Dupin et après la succession de plusieurs propriétaires, Madame Pelouze lui rend son éclat d’autrefois en entamant de conséquentes restaurations.
À l’aube de la Première Guerre mondiale, avec la famille Menier
Enfin, le château rejoint le patrimoine de la famille Menier, alors détentrice des chocolatiers Menier.
En effet, Henri Menier offre le château à son épouse.
Cependant, il meurt quelques mois plus tard, en 1913… Sans héritier,
c’est son frère, Gaston Menier, qui hérite du château.
Le château en temps de guerre
En 1914, la Première Guerre mondiale éclate.
Gaston Menier, alors sénateur de la Seine et Marne et fidèle à son engagement politique en faveur des plus démunis, souhaite participer à l’effort de guerre national. Il propose alors au Ministère de la Guerre d’aménager à ses frais deux hôpitaux militaires temporaires.
L’un est situé non loin de Paris à Noisiel, où se trouve le siège de la chocolaterie : c’est un hôpital qui reçoit les victimes évacuées des lignes
de front. L’autre n’est autre qu’au château de Chenonceau, et celui-ci recueille les grands blessés transportables.
Petit à petit, le château est aménagé en hôpital militaire, et cent vingt lits sont alors installés dans les deux galeries : 70 lits au 1er étage, 50
au rez-de-chaussée. Les murs sont peints en blanc – recouvrant la fresque originelle -, et les locaux adaptés aux normes d’hygiène.
Gaston Menier fait même installer une pompe électrique qui fournit l’eau d’une source, et fait installer l’électricité et le chauffage pour assurer une tiédeur agréable dans toutes les salles des blessés.
Au rez-de-chaussée est installée une salle d’opération ultra performante, qui est équipée d’un des premiers appareils de radiographie à rayon X.
Son fils, Georges et sa belle-fille, Simone, organisent et surveillent le fonctionnement de l’hôpital. Simone Menier, alors infirmière major, soigne les blessés, et collabore activement avec les médecins et chirurgiens détachés sur place, et ce, jusqu’à la fermeture de l’établissement, le 31 décembre 1918.
Pour ce qui est des finances, les rémunérations des médecins et infirmières sont assurées par l’Etat. Cependant, l’intégralité des dépenses est prise en charge par Gaston Menier et sa famille.
“ Dans la grande galerie du rez-de-chaussée, la galerie à damiers noir
Caroline Darrasse,
et blanc, les lits en fer étaient installés face aux fenêtres qui donnent
sur le Cher. Pour s’occuper, les poilus pêchaient le poisson dans le Cher depuis leur lit qu’ils poussaient contre les murs de tuffeau.
Les pieds en fer venaient frotter les carreaux et ont laissé des marques
très visibles aujourd’hui ”
responsable des relations publiques au château de Chenonceau

Durant tout le conflit, près de 2254 poilus y sont soignés.