Normandie

Saint-Sauveur-le-Vicompte

Châteaux secrets – n°3 | Saint-Sauveur-le-Vicomte

Situé en Normandie, le château permettait autrefois de contrôler les routes commerciales des alentours, mais également le trafic sur la rivière Douve.
Bâtie par les Vikings au bord du fleuve, la petite forteresse multiplie les changements de propriétaire et se fortifie petit à petit pour devenir un château redoutable, qui survit à bien des guerres au fil des siècles.

Construite par les Vikings
Selon Julien Deshayes, une première forteresse est construite par les Vikings sur l’emplacement du futur château, près de la rivière Douve qu’ils viennent de remonter par bateau.
Les hommes du nord sont par la suite délogés.

Plus tard, c’est probablement Néel II de Saint-Sauveur, fils de Néel Ier, qui édifie un donjon, qui est rapidement rasé après une défaite.

La famille Harcourt et la guerre de Cent Ans.

C’est au XIIe que la seigneurie appartient au Taisson, puis au XIIIe siècle, à la famille d’Harcourt.
Au début de la guerre de Cent Ans le château appartient à Geoffroy d’Harcourt.

Cependant, celui-ci est banni du royaume par un arrêt définitif du Parlement le 19 juillet 1344, tous ses biens sont confisqués et son château de Saint-Sauveur-le-Vicomte remis à Jehan de Bresne.
Exilé d’abord sur ses terres de Flandres, il part ensuite en Angleterre et rencontre le roi d’Angleterre Édouard III, qu’il convainc de débarquer en Normandie.

Geoffroy d’Harcourt se bat aux côtés des Anglais lors de toutes les batailles des années 1346-1356. Il finit par rejoindre le camp français après avoir fait annuler la sentence de bannissement à son encontre. Philippe VI de Valois lui rend alors ses terres et Geoffroy d’Harcourt se retire dans son château complètement ruiné dont il entreprend la restauration.
Ce dernier lègue à sa mort l’ensemble de ses possessions dont la baronnie de Saint-Sauveur au roi d’Angleterre Édouard III qui profite de l’occasion de cet héritage pour s’emparer de la péninsule du Cotentin.

Le traité de Brétigny en 1360 laisse le château aux Anglais. Ainsi, ceux-ci installent l’année suivante l’un de leur meilleur soldat du moment, Jean Chandos. Il est fait la même année lieutenant général de toutes les possessions anglaises dans le royaume de France et d’Aquitaine. Jean Chandos fortifie le château, et le dote de son grand donjon carré et en fait le quartier général des troupes anglaises.

Le siège du château
En 1374, le roi Charles V veut chasser les Anglais du dernier château qu’ils occupent encore en Normandie. Les préparations du siège durent plus de deux ans et il en confie le commandement à Du Guesclin à la tête de 3 000 hommes d’armes et 600 arbalétriers.

L’amiral Jean de Vienne commence par isoler la place et construit des bastides à Pierrepont, Pont-l’Abbé, et Beuzeville. Le siège s’éternise, on envoie en renfort des machines de siège, des grosse bombarde, et des canons. Froissart, le chroniqueur royal, nous raconte que c’est grâce aux canons que l’amiral de France, Jean de Vienne, s’empare du château, au bout de dix mois.
Les Anglais monnayent leur reddition 50 000 francs d’or, et rentrent en Angleterre avec armes et bagages.
La victoire française de Formigny ayant sonné le retrait définitif des Anglais en Normandie.

De nombreux propriétaires se succèdent.
Au cours des XVIe et XVIIe siècles, la place tombe entre les mains d’Henri III, Marie de Médicis, Louis XIV qui en 1691, y fonde un hôpital-hospice, puis Louis-Alexandre de Bourbon dont les descendants la conserveront jusqu’à la révolution française.

Son rôle durant les guerres de religion
Lors des Guerres de religion, le château est défendu par une trentaine d’hommes qui finit par se rendre aux troupes protestantes en 1574. La forteresse passe aux mains des troupes protestantes, puis à nouveau du pouvoir royal.
Après ces batailles et avec les progrès de l’artillerie qui rendent les défenses du château obsolètes, celui-ci perd tout son intérêt stratégique et devient désuet.

De multiples facettes
En 1685, le père Chaudran, jésuite, y fonde un hôpital puis un peu plus tard, un orphelinat.
De 1712 à 1789, le château sert de prison.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le château est gravement endommagé par les bombardements alliés en 1944. En 1956, le château devient un musée consacré à l’auteur Jules Barbey d’Aurevilly, puis une maison de retraite.

Aujourd’hui, le château et sa restauration font partie des projets retenus au Loto du patrimoine 2020. Le projet se concentre sur la consolidation et restauration des parements, de la tour de la prison ainsi que de la reprise de l’étanchéité des arases des murs des courtines.