Normandie

Le château de Gisors

Une forteresse disputée
Construite entre le XI et XVe siècle,  la forteresse normande servait à défendre le duché de Normandie contre les prétentions du roi de France. A travers les âges, elle est ainsi, à plusieurs reprises, cédée puis reprise par les ducs de Normandie.

Pendant la guerre de Cent Ans, le château devient une forteresse clé, enjeu des partis anglais et français. Au milieu du XVème siècle, prise par les anglais, reprise ensuite par le roi de France, la forteresse va subir de profonds remaniements qui vont lui permettre de s’adapter à l’évolution de l’artillerie. Les travaux consistent, par exemple, à construire un nouveau rempart qui puisse résister aux assauts des canons et arquebuses, ainsi qu’une fausse-braie sur une partie du rempart : cette galerie couverte permettait aux soldats du château de se protéger des assauts.

Le passage de Philippe Auguste
En 1188, à la veille du départ pour une troisième croisade, une entrevue royale est organisée entre le souverain anglo-normand Henri II et  Philippe Auguste. Ils décident d’une trêve et promettent de partir tout deux pour la Terre sainte reprendre Jérusalem à l’émir Saladin.

Cependant, Henri meurt l’année suivante et c’est accompagné de son successeur, Richard Cœur de Lion, que le Capétien part guerroyer. Lors de son retour sans Richard Cœur de lion – alors retenu prisonnier par Henri VI – l’occasion est  trop belle pour le souverain français qui s’empare de la forteresse en 1193.
Il y fait effectuer plusieurs remaniements, dont la construction d’un second donjon de forme cylindrique, la « tour du Prisonnier », inspirée du château du Louvre, de la barbacane, orientée vers la ville, ou encore du logis royal, détruit au début du xxe siècle.

Libéré en 1194, Richard prend les armes pour récupérer son fief. Cependant, les deux parties choisissent l’apaisement et signent en 1195 les traités de paix du Vaudreuil et d’Issoudun, complétés l’année suivante par le traité de Gaillon, qui place le Vexin normand, et donc Gisors, sous l’autorité de la couronne de France. Pour compenser la perte de plusieurs de ses places fortes et tenter de protéger ses terres, Richard entreprend alors la construction d’un redoutable château : Château-Gaillard, bâti en seulement deux ans.

La prison des Templiers


Le château est d’ailleurs réputé pour ses liens avec l’histoire de l’ordre du Temple, bien qu’il n’ait pas été bâti par leurs soins. Il leur est confié de 1158 à 1160 lors d’une trêve entre le royaume d’Angleterre et celui de France, puis sert de prison de 1310 à 1314 au dernier maître de l’ordre, Jacques de Molay, ainsi qu’à trois autres dignitaires lors du procès de l’ordre du Temple.

Selon certaines légendes, le château de Gisors serait le lieu de cachette du trésor des Templiers. Dans les années 1950, le gardien du château, Roger Lhomoy, entreprit de creuser un puits et d’explorer les souterrains et cavités ainsi mis au jour, ce qui finit par déstabiliser la motte et provoquer des fissures dans le donjon. L’homme assura avoir découvert des salles souterraines, ainsi qu’une chapelle contenant 30 coffres médiévaux, 19 sarcophages en pierre et plusieurs statues. Le maire et plusieurs habitants se rendirent sur les lieux mais le souterrain était tellement profond et dangereux, que personne ne voulut descendre. Le gardien reçut l’ordre de reboucher les cavités, et la cour fut ensuite bétonnée…