Le château de la Roche-Courbon
Situé sur les bords du cours d’eau le Bruant, un premier château fort est construit vers 1475 par Jehan II de Latour. Ce château fort, construit en forme de triangle sur un éperon rocheux, est naturellement défendu par le marais. Au nord, en avancée, la tour de la Fuye monte la garde. Après trois siècles de conflits entre Français et Anglo-Aquitains dans la région, il n’est pas possible de construire un château autrement que fort et défensif.
La transformation
C’est au xviie siècle que Jean-Louis de Courbon, petit-fils de Jacques, transforme La Roche-Courbon comme on peut le voir sur le tableau du peintre hollandais Jan Hackaert (1628-1685).
Le château est à l’apogée de sa beauté, entouré de somptueux jardins à la française qui verront le jour avant ceux de Versailles. Le corps de logis s’ouvre à la lumière : de larges fenêtres sont percées au levant comme au couchant, le toit est muni d’ouvertures à la Mansart. Un élégant balcon est construit en avancée sur des arcs en anse de panier, soutenu par cinq colonnes d’ordre toscan. Un escalier à double palier descend vers les jardins, bordés par le paresseux Bruant (petite rivière qui se jette quelques kilomètres plus loin dans la Charente).
La suite du XVIIIe siècle ne voit pas beaucoup de propriétaires sinon, en 1785, le marquis Sophie-Jacques de Courbon Blénac qui, pour 240 000 livres, retrouve le bien familial. Il se fixe au château, entreprend une suite d’embellissements : le monumental escalier de pierre desservant les étages pour l’intérieur et les grilles en fer forgé, armoriées, dans les jardins.
Lors de la Révolution
L’un des anciens propriétaires du château, Jean-Baptiste Mac Nemara, achète beaucoup plus tard le château, en 1756, un peu avant son décès.
La Révolution survient et le marquis n’ayant pas émigré, le château n’est pas vendu comme bien national. En 1817, sa fille vend le domaine aux enchères. Commence alors le long sommeil de La Roche Courbon, avant sa seconde renaissance au XXe siècle
Une seconde naissance
Pierre Loti se rend souvent en vacances chez sa sœur, domiciliée à Saint-Porchaire. Lors de ses balades à travers la campagne alentour, il tombe sous le charme du château de la Roche-Courbon, à l’abandon, en ruines, au milieu des broussailles. Profitant de sa notoriété, l’écrivain permet de sauver le site par une campagne de presse et fait connaître ce château, qu’il surnomme volontiers le « château de La Belle au bois dormant », titre d’un beau texte qu’il consacra au sujet.
Paul Chénereau achète puis fait restaurer le domaine en lui redonnant sa splendeur d’antan. De 1928 à 1939, éclot lentement le jardin à la française que l’on peut admirer sur les vues du domaine . Le château est remis en état et meublé. L’exceptionnel cabinet des peintures, qui a beaucoup souffert de l’humidité, est restauré. Paul Chénereau complète cet ensemble ressuscité par deux heureuses innovations : dans les combles du château, sous la charpente en forme de carène renversée, la chapelle dédiée à saint Michel; dans une grange agricole désaffectée, la construction d’un théâtre.
La guerre de 1939-1945 passée, le domaine, classé Monument Historique en 1946 dans son ensemble (château, jardins et parc), s’ouvre à la visite. C’est alors un enchantement pour les gens de la région que de découvrir cette résurrection.
Au cours des âges
Le site est de tout temps choisi par l’homme : sous le château actuel se trouvent des grottes dont le mobilier préhistorique montre qu’elles étaient habitées à l’époque moustérienne (- 120 000 ans), aurignacienne (- 40 000 ans) et magdalénienne (- 10 000 ans). En d’autres endroits de la forêt qui entoure cette demeure, subsistent : là, l’enceinte d’un village gallo-romain, ici des tombes mérovingiennes et, bien avant l’actuel logis, des restes de murs du xie siècle : le lieu porte alors le nom de Romette.