Une poignée d’artistes francophones évoluent depuis quelques années dans un style hybride et ce mouvement a créé de nombreux sous-genres musicaux plus excitants les uns que les autres. Aujourd’hui on te présente une des figures de cette new wave créative, jeune pépite de notre scène francophone :
Eloi
Pour appréhender la musique d’Eloi, on est obligé de t’introduire l’Hyperpop. Il est encore un peu difficile de cerner ce style de manière stricte mais on peut l’identifier comme un sous-genre de la pop. Pourtant, on parle ici d’un croisement de nombreux genres (rap, électro, techno…) dépassant une simple déclinaison de la pop mainstream.
On aime bien associer la musique d’Eloi à l’image d’une chambre d’ado. Les sonorités sont désordonnées et pourtant assemblées avec minutie. Née en 1998, elle a baignée dans la musique classique pendant longtemps jusqu’à vouloir arracher l’image d’enfant sage qu’on lui collait à la peau : « J’avais l’impression qu’on m’avait menti pendant tout ce temps. On m’avait laissé croire que tout allait se régler par la gentillesse, parce que je faisais bien mes devoirs et que j’allais à mes cours de piano. […] Je n’avais plus envie de jouer à ca, d’embrasser cette image parfaite et super lisse. » Elle sort en 2020 son premier EP Acedia : un projet dans un style pop/synthwave qu’elle a entièrement autoproduit et écrit. Elle a immédiatement planté le décors en nous plongeant dans un univers froid soutenu par une voix nonchalante et des synthés type 80’s.
Le spleen : c’est ce qu’elle aborde au travers de sa musique. Son passé d’enfant modèle a laissé place à un univers musical sombre et mélancolique. Les textes sont poétiques, parfois mêmes violents et interprétés sur des prods électro/techno.
On le répètera jamais assez mais l’industrie musicale vit en ce moment un tournant inédit porté par de nombreux artistes, dont Eloi. Depuis des décennies, les genres musicaux les plus populaires changent régulièrement, passant du rock à l’électro, la pop et plus récemment le rap. La new gen d’artistes puise son inspiration dans TOUT ce qui s’est fait précédemment pour créer ce qui pourra être l’univers musical le plus riche qu’on n’ai jamais vu.
La musique futuriste d’Eloi sort de l’ordinaire : ça sonne comme du romantisme noir tout droit sorti d’une rave et c’est assez hallucinant. Elle sort en 2022 son EP Pyrale dont le titre phare n’est autre qu’une reprise hyperpop du tube « jtm de ouf » de Wejdene. Un peu étonnant on est d’accord, pourtant la démarche est assez cool. Comme elle le dit elle-même : « Le texte de Wejdene est super naïf mais finalement ça parle à tout le monde, c’est universel. C’est une écriture d’enfant de 12 ans […] j’intellectualisais trop le truc, je ne la voyais pas dans ma ligne musicale » . L’universalité de la musique : c’est la valeur qui nous a séduit et c’est un peu ce que représente Pyrale. Ca parle de solitude et de remise en question concernant un futur incertain à deux doigts de tourner au drame.
Ce qui est sûr c’est qu’on va suivre Eloi avec beaucoup d’attention. Dans la même lignée que tous les artistes qu’on essaye de vous présenter, elle apporte une bouffée de créativité à la musique francophone.
A écouter et à surveiller de très près.
