L'inégale répartition des rôles de séduction à travers le podcast de Maïa Mazaurette, Erotiser les hommes
Maïa Mazaurette est artiste et journaliste en sexualité. Lors de son passage sur la chaîne YouTube « Les couilles sur la table », elle se demande comment dépasser cette vieille idée que « les hommes désirent et les femmes désirent être désirées » (Freud).
Dans ce podcast, Erotiser les hommes, elle explique que le déséquilibre dans la répartition des rôles de séduction entre les hommes et les femmes se trouve d’abord dans les différences d’apparence. On le sait, la société attend des femmes qu’elles prennent plus soin d’elles que les hommes. Dans les faits, elles consacrent à leur apparence en moyenne 6h30 par semaine contre 4h pour les hommes.
L’idée que les femmes seraient naturellement douées pour prendre soin d’elles reviendrait à dire qu’un homme faisant pareil se féminiserait. Le « t’es pédé ? » que vous sortez à votre pote quand il se parfume est en fait une sorte de rappel à l’ordre.
M. Mazaurette cite l’essai d’Emmanuelle Richard, Les corps abstinents, où cette dernière dénonce « les exigences irréalistes de beaucoup d’hommes en matière d’apparence sans qu’il n’y est aucun effort de leur part en retour ». Elle aborde également la question de l’hygiène dans l’effort esthétique : « Ils se coupent les ongles de pieds au moins ? […] Très souvent, ce n’est pas le cas. ».
Statistiquement, 65% des femmes se lavent les dents 2 fois par jour contre 52% des hommes. Une étude menée sur 2000 personnes aux Etats-Unis en 2014 révèle qu’au niveau des sous-vêtements, 88% des femmes en changent tous les jours contre 70% des hommes.
« 65% des femmes se lavent les dents 2 fois par jour contre 52% des hommes »
Le male gaze
M. Mazaurette constate le manque de relais culturels permettant aux femmes d’apprécier le corps des hommes.
Le « male gaze » est le concept selon lequel, en cinéma (entre autres), le point de vue adopté est toujours celui d’un homme hétérosexuel blanc, ce qui force les spectateurs à adopter ce même point de vue. Même si depuis les années 60 on constate la tendance grandissante du « female gaze », les femmes ont exercé la caméra ou le pinceau sur leur propre corps mais sans s’emparer du corps masculin. Alors pourquoi n’arrivons-nous pas, alors qu’on désir les hommes, à les érotiser/sublimer ?
Le désir sexuel né grâce à l’accumulation de stimulis : dans une journée, un homme en reçoit un tas, que ce soit sur les réseaux sociaux, dans la rue ou même sur des affiches de films où les femmes sont très souvent sexualisées. À l’inverse, une femme peut passer des jours entiers sans voir de corps masculins désirables. Les femmes sont donc fatalement moins chargées en sexualité qu’un homme.
M. Mazaurette explique qu’aux yeux de la société, le corps masculin désirable est virile et donc virile dans l’agression. Cette agression doit se porter sur quelque chose (le port d’une arme, une position sensuelle et dominante avec une femme…).
L’idée de mettre en scène le corps de l’homme « qui ne fait rien » est quelque chose sur lequel elle travaille depuis une douzaine d’années mais qui lui est toujours compliqué aujourd’hui.
Le podcast de Maïa Mazaurette, Erotiser les hommes, est disponible sur YouTube.