L'hypersexualisation des jeunes filles à travers l'article d'Aurélia Mardon, La Génération Lolita

Aurélia Mardon est une sociologue française. La Génération Lolita est un article paru en 2011 où elle analyse l’hypersexualisation précoce des préadolescentes à travers l’acquisition de vêtements féminins (string, talons, rouge à lèvre etc.). Ces vêtements sont souvent en lien avec leurs goûts médiatiques.
Pour mener cette étude, la sociologue a interrogé plusieurs collégiennes et parents (majoritairement des mères).

Quel rôle jouent les médias de masse et les grandes enseignes ?

Aurélia Mardon explique que les jeunes filles deviennent des « petites femmes » de plus en plus tôt, notamment à cause des médias de masse comme les réseaux sociaux ou les clips diffusés à la télévision.

Les stars de la musique et du cinéma renvoient majoritairement un modèle de la féminité axé sur l’apparence physique. En s’identifiant à elles, les jeunes filles expérimentent et s’approprient les codes de la séduction corporelle.
Les magazines sont également pointés du doigts par les recherches féministes qui les accusent d’abuser de la naïveté des pré-adolescentes dans leurs discours sur l’apparence. C’est l’idée d’imprégnation idéologique liée aux médias qui, sous couvert de libération sexuelle et d’épanouissement personnel, prépare en réalité les filles à leur place inégalitaire dans les rapports sociaux de sexe. En gros mesdames, on vous encourage à vous « assumer » en portant des tenues sexy mais en réalité, cela vous apprend juste à être coquette et séduisante.

Les grandes enseignes de prêt-à-porter jouent également un rôle important dans la transmission de ces normes. Elles ciblent ces jeunes filles en leur proposant, par exemple, des modèles de strings « pour leur âge » ; conçus en coton avec des motifs fleuris ou « comiques », des couleurs pastels…

Du côté des jeunes filles, l’adoption de ces comportements les aide à s’intégrer socialement. C’est une manière d’affirmer qu’elles grandissent et de marquer leur adhésion aux normes du groupe des filles dans lequel elles sont insérées.

Et les parents dans tout ça ?

Gobalement, tous les parents interrogés s’étonnaient de la précocité avec laquelle les filles réclament certains attributs vestimentaires féminins. Néanmoins, les comportements des parents divergent en fonction de leur appartenance sociale.

Dans les classes moyennes et supérieures, les talons et autres dos-nus sont plutôt considérés comme des sources de danger, notamment vis à vis des regards masculins. Les stéréotypes de sexe renvoient à l’idée que les filles et les garçons ne mûrissent pas de la même façon, raison pour laquelle les parents redoutent le comportement des garçons. De plus, une apparence sexualisée entraînerait un certain succès auprès des garçons ce qui, selon les parents, détournerait les filles de leur réussite scolaire.

En revanche du côté des familles populaires, les jeunes filles sont plutôt soutenues lorsqu’elles souhaitent porter des vêtements « d’adulte ». 
Des jeunes filles interrogées expliquent qu’elles se sont procurées certains habits par le biais de leurs mères qui piochaient dans leur propre garde-robe.
On retrouve globalement deux types de discours chez les mères interrogées : il y a celles qui trouvent cela « rigolo » et « mignon ».
Beaucoup de mères font part du caractère asexué et innocent de leurs filles mais cela engendre d’importants désaccords dans le couple parental. Les pères dénoncent en effets les mauvaises intentions des garçons et des hommes mais ne parviennent pas nécessairement à imposer leur point de vue car c’est un domaine majoritairement géré par les femmes.

L’article d’Aurélia Mardon est disponible en téléchargement gratuit sur Cairn.info.

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